Budget et coût de création d’entreprise : dis-moi de combien tu as besoin pour lancer ton entreprise et je te dirai comment t’en passer !
Tout porteur d’un projet entrepreneurial se pose la question du budget à allouer à la création de son entreprise. Ces coûts peuvent être répartis en différents postes. Nous allons voir dans cet article quels sont ces postes, la nature des coûts afférents et leurs budgets respectifs. Afin de financer ces postes, nous aborderons également quelles peuvent être les sources de ces revenus.
Les principaux budgets sont les suivants
- Les revenus du porteur et de ses co-équipiers
- Le capital social
- Les frais administratifs
- Les locaux et l’équipement
- L’étude de marché
- Les coûts de production
Mais avant de rentrer dans le détail de chaque poste, il est important de prendre conscience que l’état d’esprit de l’entrepreneur, sa posture vis-à-vis de l’argent est tout à fait spécifique. En effet, elle est spécifique car l’entrepreneur lance son entreprise dans une espérance de gain futur. Au point de départ il n’a pas, par définition, encore de revenu de son activité.
De ce fait, il est dans une posture d’investissement pour atteindre ce gain probable mais que rien ne certifie. Comme l’indique l’un des 5 piliers de l’effectuation, il est dans une posture de « perte acceptable » et non de « retour sur investissement ».
Pour en revenir au coût de création de votre entreprise, demandez-vous ce que vous êtes prêts à « perdre » pour arriver à vos fins ? Pensez au temps que vous allez consacrer au-delà du temps légal des 35 heures de travail hebdomadaire ? Pensez à vos économies qui vont sans doute constituer la première part du capital et vos premiers investissements ? Pensez à vos allocations chômage ….
Tout ceci constitue bel et bien vos propres « pertes acceptables » !
Dans ce contexte, par définition incertain, le raisonnement à avoir est tout autre que celui qui s’appliquerait à la gestion d’un projet classique dont le but est connu et les moyens pour l’atteindre aisés à identifier grâce aux enseignements du passé notamment.
Dans un contexte incertain, le gain est totalement imprévisible, seules les dépenses peuvent faire l’objet d’un certain degré de certitude. Le budget prévisionnel au démarrage se doit être minimaliste. Il sera consolidé en avançant. Quant à votre Business Plan, il est encore très hypothétique et c’est plus l’exercice de conception que le résultat qui compte…. Il rassurera votre banquier et votre comptable mais risque bien de ne pas se réaliser exactement comme prévu…
A présent vous êtes dans la bonne posture pour entamer la réflexion sur le coût de votre projet au point de départ ! Vous ne pouvez être sûr que du prix que vous êtes prêt à payer pour tenter votre chance, alors accordez-lui toute son importance.
Contrairement à certaines idées reçues, en phase de création la question de la source d’argent est cruciale avant d’aborder chaque poste de dépense. Les sources sont les suivantes :
- Recettes/chiffre d’affaires/Facturation client
- Économies personnelles
- Subventions
- Prêts
- Investisseur (Love money ou Venture Capital(VC))
Il va de soi que la première, la facturation client, est la meilleure. J’ai coutume de dire que « c’est celle qui coûte le moins cher ». En effet, celle-là vous n’aurez jamais à la rembourser et en plus elle est réellement créatrice de valeur puisque qu’elle fait l’objet d’un échange de valeur : argent contre un produit ou un service. Elle est la preuve la plus tangible de la pertinence de votre projet.
La seconde source, vos économies personnelles, est très importante car elle est engageante personnellement. Elle est la preuve que vous croyez dans votre projet et que vous y allez de votre personne. Elle est de nature à faciliter l’engagement d’autres investisseurs à votre côté qu’il s’agisse de membres de votre équipe ou d’investisseurs « love money » et même des investisseurs VC souvent cet investissement de départ constitue votre part de capital au démarrage. Elle représente concrètement votre espérance de gain.
Quant aux subventions, elles sont confortables ; Elles « tombent du ciel ». Le revers c’est qu’elles sont peu engageantes et ont le défaut de nous faire croire en « l’argent facile »… Beaucoup de projets s’endorment sur leur lauriers, peu enclins à se battre pour survivre puisque l’argent est là ; La France est à ce niveau un excellent terreau pour dénicher des subventions nombreuses et conséquentes. Faites en sorte qu’elles vous aident à passer des caps mais soyez lucides sur le risque de décalage avec la réalité.
Les prêts sont également alléchants mais leur grand défaut est de devoir être remboursés ! Assurez-vous que vous allez pouvoir en être capable en temps et en heure ! Les prêteurs que sont les banques principalement ne sont pas du genre à faire des cadeaux…
Enfin, les investissements sont attrayants sur le papier. Ils vous font miroiter des histoires qui font rêver avec des chiffres contenant beaucoup de 0… mais ce sont des fils à la patte qui peuvent s’avérer très compliqués à gérer au quotidien ; En effet l’investisseur a un tout autre objectif que le vôtre ; Votre projet entrepreneurial est un moyen pour lui de gagner plus. Il veut retomber sur ses pattes et récupérer sa mise de départ avec taux d’intérêt conséquent et ce d’autant plus que votre projet est risqué…
Attention, il n’est pas un client et ce n’est pas lui qui vous aidera à créer de la valeur pour le marché en revanche il sera exigeant et veillera à ce que vous le fassiez rapidement mais pas forcément avec la même vision que vous… Prenez soin de partager vos visions avant même la concrétisation de l’investissement.
Mais que faire de tout cet argent ? Là n’est malheureusement pas le problème… il est bien plus facile d’en dépenser que d’en gagner… Alors gardez bien en tête que le maitre mot est « cost control ». Gardez les yeux rivés sur votre compte en banque et votre trésorerie, elle est vitale.
Dépensez toujours moins que ce que vous avez en banque, soyez prudent et frugal. Cela ne signifie pas d’avoir des oursins dans les poches car l’argent est une énergie nécessaire au lancement et au fonctionnement de la machine de production. Mais à chaque instant vous devez arbitrer avec justesse les dépenses pour qu’elles décuplent les capacités du projet.
Passons en revue chacun des postes importants au démarrage du projet.
1 – Les revenus du porteur et de ses co-équipiers
Ce poste devrait être le dernier, en terme de budget, à allouer ! Étrange vous me direz c’est le nerf de la guerre. Tout travail mérite salaire ! Oui, mais si vous abordez votre création d’entreprise dans une posture entrepreneuriale dites-vous que votre revenu devra au plus vite être en corrélation directe avec votre chiffre d’affaires.
En effet, votre salaire se justifiera par la valeur que vous allez réellement créer sur le marché et cette valeur est tangible, elle doit se traduire par une commande et des recettes. En d’autres termes ne vous payez pas sur la bête alors qu’elle n’a encore rien produit… Alors comment faire en attendant de facturer ?
- Facturez au plus vite !
- Explorez les différentes sources. Pôle emploi en est une excellente au démarrage et n’est-ce pas sa finalité que d’aider tout individu à retrouver une emploi ? Vous êtes justement en train de créer le vôtre. Les modalités d’accès à ces aides sont variées et variables. Ne lâchez pas votre conseiller tant qu’il ne vous a pas trouvé une solution adéquate. Votre salaire pourra venir également de différentes sources d’aides. Les Régions, les administrations locales, en proposent pour appuyer le porteur au démarrage. Renseignez-vous auprès de votre conseiller CCI.
- Ne pratiquez pas de prix trop bas. C’est une erreur courante chez les jeunes entreprises que de baisser artificiellement les prix pour vendre et se rassurer. Si cette réduction est pensée dans une stratégie d’accès au marché, cela peut s’entendre. En revanche, à trop baisser ses prix en en diminue la valeur perçue de son produit et il sera alors très difficile de revenir à des tarifs à la hauteur de notre budget prévisionnel.
2 – Le capital social
Le montant à allouer au capital social est un exercice délicat qui dépend du niveau d’investissement nécessaire pour atteindre le marché et la facturation future qui ira avec. Les projets DeepTechs nécessitent des investissements importants et donc des fonds propres conséquents dès le démarrage pour pouvoir prétendre à des apports en fonds propres de tiers et également un niveau de valorisation pas trop dilutif.
En revanche si vous commencez par une activité de conseil qui pourra se traduire progressivement en un produit (logiciel ou matériel) alors vous pouvez démarrer avec peu. Quelques miliers d’euros peuvent suffire la première année. Tout dépend également de vos coûts de démarrage puisque c’est dans ce capital que vous puiserez pour payer vos premières dépenses.
Le sujet du type de statut est totalement lié à votre activité et à ce que vous voulez en faire à l’avenir. SAS, SA, EURL, SARL, SNC ou COOP, quel statut est le plus pertinent compte tenu de l’activité des entreprises ? Une Coop dans le logiciel est compliquée si vous voulez lever des fonds par exemple…
Votre avocat ou un conseiller juridique pourra vous donner toutes les clés qui s’imposent de choix du statut jusqu’à l’immatriculation de votre société. Cette page officielle des Services Publics vous donnera des informations plus précises sur les formalités et leurs coûts.
3 – Les frais administratifs et de gestion au quotidien
Minimisez ce genre de dépenses ! Ne faites pas cependant l’économie d’un bon conseil juridique au départ pour établir vos startups et un pacte d’actionnaire si vous êtes plusieurs co-fondateurs.
Concernant la gestion au quotidien de votre entreprise, de nombreuses solutions gratuites sont disponibles pour gérer votre comptabilité, vos projets… (Notion, Asana, Trello, Evernote…) votre communication interne (Slack, Whatsapp …), votre communication externe (Sendinblue, SurveyMonkey, TypeForm, GoogleForm. Un bon outil de gestion de vos mails sera nécessaire à vous de déterminer si vous êtes plutôt gmail ou prontomail… Quant au CRM, de nombreux existent en gratuit pour démarrer (HubSopt, PipeDrive..).
N’hésitez pas à en tester plusieurs avant de passer au payant. Parfois Excel est d’ailleurs un bon début pour vous aider à mettre en place votre propre scénario d’usage et ensuite trouver un outil qui y répond au mieux. Pensez à l’adage : « on ne délègue bien que ce qu’on sait faire ».
4 – Les locaux et l’équipement
Le confinement nous a montré que le télétravail pouvait très bien fonctionner ! Alors n’hésitez pas si vous en avez la capacité puisqu’il ne vous coûtera rien si ce n’est votre connexion à internet que vous avez déjà !
Si cela n’est pas possible dans votre entreprise, étudiez les offres des espaces de coworking dont les business models sont assez variables. Attention aux coûts de postes supérieurs à 200€/mois, ils s’adressent plus à des grands groupes qu’à des startups ! Les structures d’accompagnement de type incubateurs ou pépinières peuvent être intéressantes.
Étudiez les offres d’incubation de votre région, elles sont nombreuses ! Il va de soi que d’avoir des locaux permet de se poser et de se rencontrer mais ce n’est pas une priorité et le coût est certain… Privilégiez les lieux et les occasions qui vous offriront des rencontre impromptues sans creuser votre budget si cela n’est pas nécessaire.
5 – L’étude de marché
Contrairement à beaucoup d’idées reçues, l’étude de marché ne devrait quasiment rien vous coûter ! En tous cas n’optez surtout pas une prestation d’analyse de votre marché proposé par une société externe. Vous êtes le ou la seule à pouvoir mener une analyse du marché pertinente !
En effet, il est impératif que vous vous appropriiez en temps réel toute l’information que vous devez collecter pour comprendre l’environnement économique et social dans lequel vote projet s’insère. Ainsi l’étude de marché c’est à vous de la mener et vous n’avez pas intérêt à la sous-traiter à un consultant externe aussi expert de votre domaine qu’il soit.
Faites-vous aider d’un conseil externe pour faire sens de cette information et vous aider à l’analyser et en faire ressortir un plan. Vianeo est là pour cela ! Mais le meilleur analyseur du marché c’est vous, le fondateur, porteur du projet et votre équipe et personne d’autre, à condition d’avoir une véritable posture exploratoire, à l’écoute et consciente de vos biais cognitifs pour mieux les éviter ! Imprégnez-vous de la méthode de design Thinking.
Le seul poste de coût pertinent pour l‘étude de marché peut être un coût SEO pour mieux comprendre les besoins du marché et tester la traction de votre concept avec l’appui d’une landing page et d’un budget d’adwords.
6 – Les coûts de production
Ces coûts-là sont bien évidemment cruciaux pour une société en devenir mais ici encore la frugalité s’impose et vous aurez souvent besoin de moins d’argent que vous pensez pour assurer votre production.
Evitez la liste au Père Noël ! A tout instant, lorsqu’un besoin de ressources se fait sentir, commencez par « ouvrir votre frigo » comme le préconise l’effectuation et cherchez bien dans ce qu’il s’y trouve ce qui pourrait vous servir ; Il s’y cache sans doute des ingrédients insoupçonnés et les utiliser vous coûtera beaucoup moins cher que d’en acheter. Les premiers ingrédients de votre frigo sont dans votre réseau. Travaillez-le ouvertement et n’oubliez pas qu’un contact est source de trois nouveaux contacts. N’hésitez pas à étendre votre réseau grâce à Linkedin. C’est un excellent outil de maillage. Pour ce qui est de la roadmap de votre produit, n’oubliez pas le principe du MVP de la méthode Lean Startup. Comme son nom l’indique, il s’agit du produit minimum viable, par conséquent, il ne doit pas coûter cher et être source de commande immédiate puisqu’il répond aux besoins les moins bien satisfaits de vos utilisateurs. De plus concevoir ce MVP se fait avec l’appui de ces derniers qui vous apportent des feedbacks qui valent de l’or, gratuitement. Tout cela ne signifie pas que produire n’engendre pas de coûts. Mais optimiser vos coûts est possible et là encore la frugalité s’impose.
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